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M O C A S
C a r i n e M O R E A U
LUX TENEBRIS
Peindre, c'est se trouver parfois jusque dans son inconscient, dans ses souvenirs, dans ses peurs, dans ses secrets, dans ses rêves les plus fous. C'est aller chercher cette lumière qui nous rassure tant quand on a peur de tout. Il y avait tant de cris dans les maisons. C'est la matière qui se parfume. Retrouver ces chemins jusqu'aux jardins et sentir fleurir sous le pinceau ses éternels secrets. Les cerises qu’on cueillait, dans le parc de la maison de Mansle, à côté des lapins. Des fleurs dans les arbres, des fleurs dans les parterres, des fleurs dans les vases, des fleurs imprimées sur les robes de ma mère. Des fleurs et des odeurs, partout dans les jardins. Être dehors .....dans les jardins.... parmi les fleurs....dans le silence des oiseaux. Et puis, il y avait nos expéditions à la fontaine et aux ruisseaux. Les petits trous dans la terre pour enterrer mes secrets écrits sur des bouts de papiers roulés.
Pour m'endormir, je fixais la lumière des réverbères qui traversaient les épais volets. Demain il fera beau, et je pourrai aller jouer dehors sous le soleil du jardin. Peindre, c'est sentir couler le sang sous les morceaux de peaux et lutter contre la mort jusqu'à sa crucifixion. Nous nous regardons dans sa chambre, qui ressemble à un hôpital. Sa peau part en lambeaux. Les pansements qui la retiennent s’effilochent à leurs tours. Essuyer le sang imbibé sous les couches de gazes collées, avant que viennent ses cendres. La mort est bientôt là. Je la vois dans ses yeux. Nous allons le descendre de sa croix, qu'il a si lourdement portée. J'ai envie de croire à l’éternel de son bonheur, en cet éternel réservé , à la mort moins dure que la vie car tous les morts ont droit au bonheur.
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